Certaines épices sont uniques, et vous plongent immédiatement dans un voyage. C’est le cas du cumin, mais aussi du carvi, qui sont similaires, mais en même temps différents. Si le carvi est plutôt une épice des pays froids, le cumin vient, lui, plutôt des pays chauds. Ce dernier est, en effet, principalement cultivé en Inde et sur une grande partie du Bassin méditerranéen dont il serait originaire. Ses racines se perdent sans doute en Asie Mineure, mais on en trouve trace, aussi, en Égypte, il y a près de 5000 ans, où il parsemait les tombeaux des pharaons. Depuis les temps les plus reculés, on s’en servait comme moyen d’échange, pour payer ses dettes, pour s’affranchir, ou comme protection contre le mauvais sort et les sorcières en tous genres. Comme drogue, également, puisqu’on le fumait, lorsque, mélangé à haute dose àla salive, son huile essentielle libérait alors un fort pouvoir narcotique. Dans l’alimentation, le cumin recouvrait souvent, autrefois, viandes et poissons, notamment pour atténuer la forte odeur qui pouvait s’en dégager, due à des modes de conservation sommaires, pour ne pas dire inexistantes. Si on utilise peu, de nos jours ces graines jaune-verdâtre, entières ou réduites en poudre, dans la cuisine européenne – hormis chez les Allemands et les Autrichiens qui en sont friands, notamment dans leurs pains et leurs gâteaux – le cumin trouve, en revanche, une place de choix dans la cuisine asiatique, celle du Moyen-Orient ou d’Amérique latine. Il entre, aujourd’hui, notamment, comme un des principaux composants du curry en Inde, du Massalé Réunionnais, ou du Ras-el-Hanout au Maghreb. En France, hormis la traditionnelle choucroute ou le munster, point trop de salut pour cette saveur puissante et poivrée, aux sensations chaleureuses et piquantes, pourtant véritable invitation au voyage.